Célébrations des messes
A compter de mars 2022, mesures sanitaires encore en vigueur : actualité.
Paroisse Saint-Louis

Homélie Jour de Pâques, 20 avril 2025

Jour de Pâques 20/04/25 : Actes 10,34-43 ; Jean 20,1-9

Ils sont loin les débuts en Galilée dont parle Pierre dans le livre des Actes. Pourtant Pâques demeure. Comme pour nos frères juifs, pour qui l’événement fondateur de la libération d’Egypte est ineffaçable, le matin de la Résurrection marque pour nous l’histoire des hommes d’une manière unique.
Cette étonnante longévité dans un monde où tout passe très vite m’interroge. Que peut-il y avoir de si particulier dans le témoignage des Apôtres pour qu’il garde une si brûlante actualité ? C’était la question posée par un artiste lors d’une nuit blanche dans une église.


Il s’agit d’abord d’une expérience. Marie Madeleine, Simon-Pierre et Jean se déplacent au tombeau. Ils y voient ce à quoi ils ne s’attendaient pas. Celui qui est mort n’est plus là. Seuls sont restés les signes de son ensevelissement : linceul, linge ayant recouvert la tête de Jésus.
Mais ils sont vides. Ils n’enferment plus rien. Le tombeau lui-même est ouvert. Rien n’a pu retenir l’étonnante vitalité ni l’irrésistible puissance de Celui qu’ils ont accompagné depuis « les débuts en Galilée ». Peut-être, comme le pense un moment Marie Madeleine, a-t-on tout simplement enlevé le corps. Mais à quoi bon ? Pour quelles raisons ?
Jean, quant à lui, « vit et crut ». Il manquait cet élément à sa propre expérience de disciples.
Depuis le baptême au Jourdain, celui qu’il a choisi de suivre n’a cessé de remplir sa vie d’une énergie exceptionnelle. Mais le terrible passage du Vendredi de la Passion semblait contredire ce qu’il avait goûté jusque-là en présence de Jésus. Le matin de Pâques confirme, atteste ce qu’il avait perçu jour après jour depuis trois ans. Cet homme était plus qu’exceptionnel. Dans sa bouche, dans son regard, dans ces gestes une lumière unique transparaissait. Il l’avait vue d’ailleurs au jour de la transfiguration. Il avait su simplement regarder du plus profond de son humanité, avec notre vrai regard, celui du cœur, selon le poète St Exupéry.
Ce matin, passé le premier étonnement, son cœur vibre de nouveau. Il retrouve présent à sa vie celui que la mort semblait lui avoir ravi. Jésus est ressuscité. Il est bien celui qu’ils avaient reconnu : Christ, le Fils de Dieu.
Toute l’actualité de Pâques se concentre dans cette expérience humaine fondamentale. Celui que tous cherchent, consciemment ou pas, est déjà présent à notre vie. Il se tient à notre porte et il frappe, comme il est dit dans le livre de l’Apocalypse. L’entendre est à la portée de tous.
Cependant il faut passer de l’extérieur de notre vie à l’intérieur : tourner nos sens à l’intérieur, comme y invitent les mystiques.
Faire l’expérience de notre propre résurrection avec Jésus n’est pas plus difficile pour nous que cela le fut pour Marie-Madeleine, Pierre Jean et tous les autres. Il suffit de goûter l’extraordinaire saveur de la vie du Christ. L’extraordinaire efficacité de ses paroles. La stupéfiante fécondité de ses actes et, pour cela, savoir se laisser faire par son amour.
Bien sûr notre vie est parfois en proie au doute, au désarroi devant la violence des hommes encore aujourd’hui, à la douleur ou la souffrance. Ainsi des disciples au soir du Vendredi Saint. Cependant, nous pouvons, comme eux, revenir du tombeau. Nous pouvons ne pas rester enfermés dans ce qui nous semble échec ou raté.
Faire et refaire confiance, quelle que soit l’épreuve à traverser voilà la disposition qui a permis aux premiers témoins de voir l’invisible. Cela reste d’actualité et nous permet de voir aujourd’hui les merveilles de Dieu : cette générosité et cette solidarité qui habitent le cœur de l’homme et se manifestent autour des drames de la guerre et de l’exil, ce soin pris des élèves en difficulté par leurs enseignants, cette attention aux personnes malades et isolées autour de nous et tant d’autres gestes encore… Ce monde est habité d’une présence vivante et éternelle.
Heureux qui comme le disciple accouru au tombeau voit et croit.

Dominique Rameau