VIVRE L’AVENT AVEC MADELEINE DELBRÊL
SEMAINE 4 : UNE INVITATION À ACCUEILLIR
Du 17 au 24 décembre, chaque année, les mêmes évangiles éclairent la liturgie : la généalogie de Jésus, l’annonce à Joseph, l’annonce à Zacharie, l’annonce à Marie, la visite de Marie à Elisabeth et son chant (Magnificat), la naissance de Jean-Baptiste et le chant de son père, Zacharie (Benedictus) … Les annonces continuent dans la nuit de la Nativité, avec les bergers.
Les derniers jours de l’Avent, et particulièrement ce temps des annonces, peuvent être une occasion de réfléchir à l’accueil : la rencontre, l’accueil fait à la personne qui annonce, l’accueil fait au message qu’elle porte. Voici cette fois, un texte professionnel de Madeleine Delbrêl, quelques pistes de réflexion et, en finale, un extrait d’un de ses poèmes.
1. Écrit professionnel de Madeleine Delbrêl
Note : Madeleine Delbrêl a travaillé comme assistante sociale de 1939 à 1945. Dans ce cadre, elle a été appelée à former d’autres personnes aux professions sociales. Ce texte est tiré de ses Ecrits professionnels (Œuvres complètes, Tome 5). Pour les plus jeunes lecteurs :
en ce temps-là, il était fréquent que des commerçants acceptent que leurs clients habituels paient plus tard, quand, à nouveau ils auraient de quoi payer. On inscrivait alors à chaque fois la somme due sur une liste nominative ou numérotée.
« Beaucoup de gens, actuellement, ne savent plus parler parce qu’ils n’ont personne qui les écoute. Petit à petit, ils en sont arrivés à ne plus se parler à eux-mêmes, c’est-à-dire à ne plus penser.
Accueillir les gens comme des gens et non comme des dossiers. Ils sont déjà des numéros à l’hôpital, des numéros chez l’épicier, chez les bouchers : faites-leur la grâce d’être Dupont, Durand ou Legrand. « Bonjour, Madame Une Telle…. Au revoir, Monsieur Un Tel. »
Il faut s’y préparer. Il faut savoir que l’on est là pour ça. Se préparer à recevoir en prenant plus fortement conscience de la grandeur des rencontres.
Replions-nous sur nous, faisons le bilan de ce que dans notre vie ont apporté les rencontres.
Un premier contact avec quelqu’un n’est pas une petite chose. S’il est devenu une petite chose, c’est que nous avons rétréci notre cœur. Les gens timides qu’une première visite émeut toujours ne sont pas tellement dans l’erreur : ils pressentent que c’est chose grave.
Notre vie est souvent comme un disque de phono. Chaque rencontre y grave un signe, et si notre volonté est l’indispensable aiguille, elle suit bien souvent les empreintes laissées en nous par ceux que nous avons connus. »
Ecrits professionnels, Œuvres complètes, tome 5
2. Quelques pistes pour poursuivre la réflexion
a) Piste de la vie quotidienne
Faire simplement mémoire de nos relations de ce jour, même les plus banales, dans le bus ou sur le marché ou au travail ou dans un service et même en famille ! Quel accueil de notre part, quel accueil de la part de l’autre, des autres ?
b) Pistes bibliques
Lire ces évangiles des annonces (Joseph : Matthieu 1, 18-24 ; Zacharie et Marie : Luc 1, 5-79).
- « Ecouter » les premiers mots de l’ange
- Voir comment la personne répond jusqu’à son « oui » (qui pour Zacharie se fait en deux temps).
- Quel est le contenu de l’annonce : pour la personne ? pour l’humanité ?
- A quoi me conduit ou nous conduit cette réflexion, méditation ?
Dire lentement, en détachant et goûtant chaque mot de la salutation de l’ange à Marie « Je vous salue, Marie,… » ou bien chaque mot de l’Angélus ou encore chaque mot du cantique de Zacharie « Béni soit le Seigneur » (Bénédictus).
Asseyez-vous pour lire le récit de la Visitation (Luc 1, 39-56), comme si vous étiez présent(e) et caché(e) dans un coin au moment de la rencontre entre Marie et Elisabeth. Puis, dire lentement « Le Seigneur fit pour moi des merveilles » (Magnificat), en détachant et goûtant chaque mot du cantique de Marie.
3. Extrait d’un poème de Madeleine Delbrêl
Pour entrer dans ce mouvement de Dieu qui vient à nous, pour nous donner la Vie en abondance, et qui attend notre « oui », voici, la fin d’un poème de Madeleine Delbrêl. Il a pour titre « Le bal de l’obéissance ». Il a été écrit, non pas pour Noël, mais le 14 juillet 1949 quand, déjà, beaucoup se préparaient pour le bal… tandis que « les gens sérieux étaient couchés et que les religieux récitaient les matines de saint Henri, roi ».
Apprenez-nous à revêtir chaque jour
Notre condition humaine
Comme une robe de bal, qui nous fera aimer de vous
Tous ses détails comme d’indispensables bijoux.
Faites-nous vivre notre vie,
Non comme un jeu d’échecs où tout est calculé,
Non comme un match où tout est difficile,
Non comme un théorème qui nous casse la tête,
Mais comme une fête sans fin
Où votre rencontre se renouvelle,
Comme un bal,
Comme une danse,
Entre les bras de votre grâce,
Dans la musique universelle de l’amour.
Seigneur, venez nous inviter.
Extrait de Humour dans l’amour, Tome 3 des Œuvres complètes, p. 27-32
Samedi 19 décembre 2020
Retrouvez les quatre semaines de la période de l’Avent du 29 novembre au 24 décembre 2020
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