Bonjour à tous !
En ce matin lumineux, en Île de France, me revient cette parole du prophète Isaïe :
« La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire. » Is 50,4-7
Se laisser instruire par la Parole intime de Celui qui connaît toute chose, pour ne pas risquer d’être le jouet de nos impressions, voilà comment résonne l’expérience d’Isaïe en ces jours de confinement.
Se laisser instruire par « celui qui vient d’en haut », pour reprendre l’expression de l’évangile lu ce jour (Jn 3,31) nous offre de ne pas parler « de façon terrestre », de ne pas rester coller aux impressions, aux émotions suscitées par ce que nous appelons les événements.
Comme l’exprime ces jours-ci un pasteur protestant, alors que nous constatons que tout s’est arrêté, la terre poursuit son mouvement, imperturbable. Le printemps déploie ses charmes. La nature semble même respirer un peu mieux, moins contrainte par l’agitation humaine habituelle.
Tout s’est arrêté pensons-nous, pourtant « celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu » (Jn 3,34) aussi imperturbablement que la terre tourne. Rien n’arrête la Parole d’amour que Dieu nous adresse, même pas notre refus de l’entendre. Elle fait son chemin en notre humanité, « plus intime à nous-mêmes que nous mêmes » pour le dire avec les mots de Saint Augustin. Saurons-nous discerner cette présence ? Saurons-nous en écouter le murmure amoureux plus sûrement que le bruit des commentaires contradictoires qui peuplent nos ondes ?
« Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » déclarent ensemble Pierre et les Apôtres dans le Livre des Actes 5,29 à la page que nous ouvrons ce jeudi. Obéir et écouter ont même racine en grec. L’obéissance est une écoute en actes.
Tout s’est arrêté ? L’agitation frénétique, sans doute. Nous pouvons raisonnablement nous demander si elle est véritablement vitale et essentielle. Mais la Parole qui réveille Isaïe et qui vient d’en haut poursuit son chemin, continue de féconder des existences humaines de les rendre divinement belles.
Pensons au soignants, aux bénévoles engagés dans le service des plus nécessiteux, à tous ceux que rien n’arrêtent dans le service de leurs frères humains, même pas la peur d’un virus pourtant très contagieux.
Ils obéissent à l’appel intérieur qui leur intime de servir, d’être solidaire. Est-ce de ce côté-là que porte notre regard ? Est-ce par ce service de l’humain qui dit l’obéissance à Dieu que nous nous laissons instruire, que nous nous laisserons conduire une fois le confinement levé ?
Père Dominique Rameau