Livre d’Isaïe 49,1-6 et de l’évangile selon Saint Jean 13,21-33.36-38
Lectures lues ce jour 7 avril 2020
Le prophète Isaïe, après avoir évoqué sa vocation « dans le sein maternel » partage une désillusion qui nous le rend tellement semblable. Lequel d’entre-nous, en s’efforçant de donner le meilleur de lui-même, n’a pas eu l’impression, comme Isaïe, de s’échiner « en pure perte », de se fatiguer pour rien ?
Cette parole du prophète m’apparaît donner écho, en particulier, aux appels de tous les soignants. Ils alertent depuis longtemps sur l’état du service public de la santé dans notre pays et font le triste constat de n’être pas entendus. Aujourd’hui, confrontés aux drames causés par le COVID19, ils invitent l’ensemble de la population à la prudence et au respect des consignes de confinement et de distanciation sociale et se désolent de voir en maints endroits la légèreté l’emporter sur le sens de la responsabilité.
Je pense aussi à tous ceux qui alertent les pouvoirs publics sur la situation dramatique des personnes vivant en squats, bidonvilles et dans la rue (cf. Le Parisien 94 de ce jour), pour lesquelles la réponse, quand il y en a une, n’est pas à la hauteur des besoins.
L’appel de l’Abbé Pierre en hiver 1954 demeure, hélas, d’actualité.
La suite de la parole du prophète est heureusement plus réconfortante. Son « droit subsistait auprès du Seigneur »qui fera de lui, en définitive, « la lumière des nations » au service du salut universel.
Vérité, justice et droiture auront le dernier mot, même si le présent semble dire le contraire parfois. Belle invitation à la constance et la persévérance dans la confiance en Celui qui seul est garant du droit.
L’évangile selon Saint Jean commence par l’évocation d’une trahison et finit par l’annonce d’un reniement.
Tragique contexte !
Le Christ y apparaît cependant dans la souveraineté de celui qui sait et maîtrise l’événement, quand les disciples manifestent leur ignorance. A la lumière que Jésus projette sur le drame qui se joue s’oppose la nuit dans laquelle se plonge Judas, après la bouchée de la trahison (cf. Ps 40,10 ou 41,10 selon la numérotation retenue).
Lumière ou nuit, voilà le choix devant lequel se trouve tout disciple dont nous-mêmes.
L’un des convives a choisi de se tenir au plus près de la lumière sur le sein du Christ, comme lui-même se tient dans le sein du Père.
C’est celui que l’évangile désigne comme « celui que Jésus aimait ».
Pourquoi ne pas essayer de nous y tenir nous aussi ? N’est-ce pas là l’expression de la vocation humaine ?
Père Dominique
(Certaines réflexions me sont suggérées par Jean ZUMSTEIN, spécialiste de St Jean, dans son commentaire du quatrième évangile paru chez Labor et Fides, en 2007).