-Homélie 5ème dimanche de Carême année A-
- Ézéchiel 37,12-14 ; Romains 8,8-11 ; Jean 11,1-45
Ce cinquième dimanche de Carême tourne résolument notre regard vers Pâques. Celui qui est résurrection vient ouvrir nos tombeaux et nous en faire sortir. Son Esprit nous est donné pour vivre de sa propre vie.
La résurrection de Lazare est un des signes annonciateurs de l’œuvre de Dieu manifestée en Jésus. Elle est ordonnée à la foi, comme tout l’Évangile selon St Jean d’ailleurs. L’événement prépare les disciples à vivre l’Événement par excellence : le passage de Jésus vers le Père.
Ce moment de l’Évangile marque un tournant du carême. Il nous rappelle que ce temps est orienté vers l’accueil, par la foi, de la joie de Pâques.
Le carême est déjà résurrection tout comme les préparatifs font déjà partie de la fête.
Il nous est rappelé aujourd’hui que notre foi est une question vitale : »tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
Sans doute cette parole du Christ nous heurte, persuadé que nous sommes de l’inéluctable verdict de la mort, particulièrement en ces temps de pandémie. Pourtant elle n’est pas décorative dans l’Évangile. Elle exprime une conviction centrale et essentielle. Le croyant investi de l’Esprit, s’il vit bien évidemment le passage de ce monde au Père, ne connaît cependant pas la mort, la privation de l’intimité divine. Le passage est pour lui l’entrée dans la vie, pour parler comme Thérèse de Lisieux.
Notre jeûne programmé ou inattendu, notre prière, nos actes de partage et de solidarité trouvent leur sens profond dans ce « crois-tu ? » par lequel Jésus interpelle Marthe et partant nous-mêmes.
A quoi bon oser des gestes s’ils sont vides de sens ? L’essentiel du carême se concentre dans cet appel à la confiance totale en Jésus-Christ, à la confiance même du Christ en son Père.
Tous ceux qui œuvrent dans le monde de la santé en ce moment connaissent la force de la foi (au sens de confiance, pas nécessairement d’adhésion à une confession religieuse). Elle seule peut permettre de remettre debout, de relever comme le fait Jésus pour Lazare. Les obstacles, les combats apparemment perdus sont nombreux. Mais celui qui croit dit Jésus « verra la gloire de Dieu ». Celui qui persévère voit la vie re-suscitée; (pensons ici au magnifique témoignage du couple, hier à la TV).
Dans l’évangile de Jean, ceux qui acceptent d’accompagner le Christ jusqu’au tombeau voient la vie jaillir là où tout semblait perdu. Lazare sort.
Les liens, les entraves les plus solides n’enchaînent jamais définitivement l’Esprit. Le Christ relève et libère en nous l’humanité. Il remet en route même ce qui pouvait paraître sans horizon. Croyons-nous cela ?
C’est le témoignage qu’il nous est demandé de porter à notre monde. C’est à nous que le Christ adresse cet appel : Déliez-le et laissez-le aller !
Demandons-lui de nous éclairer sur les lieux où il nous attend pour relever avec lui l’humanité et la délier des chaînes de l’injustice.
Par exemple, avec le CCFD, soutenir ceux qui œuvrent contre la faim, au service d’un monde plus solidaire et plus respectueux de la nature.
Ou encore, chez nous, ne pas oublier ceux dont les conditions de vie indignes, en bidonville, dans des squats insalubres, ne permettent pas de se protéger convenablement contre l’épidémie qui frappe aveuglément. Nous pouvons être témoins de la sollicitude du Christ à leur égard en interpellant les pouvoirs publics, seuls en mesure, en ces temps de confinement, de leur venir en aide, , comme le font déjà certains organismes dont le Secours Catholique ou Romeurope.
« Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu » dit Jésus à la sœur de Lazare. Serons-nous de ces hommes et femmes de foi qui attestent en actes et en vérité que Jésus est véritablement celui qui donne la vie et manifeste ainsi la gloire incomparable de Dieu ?
Père Dominique
Messe retransmise sur Dailymotion et sur Facebook @saintlouischoisy