JE 31,7-9 ; HE 5,1-6 ; MARC 10,46b-52
HOMELIE DU 30E DIMANCHE – Année B – 24 octobre 2021 –
L’épisode de l’évangile que nous accueillons aujourd’hui est bien connu des enfants du catéchisme.
Mais savons-nous véritablement ce que cette parole nous enseigne ?
Un commentaire de nos frères protestants, m’a éclairé quant aux indices que l’évangéliste Marc glisse dans son récit pour nous offrir un enseignement précieux.
Avant de nous y intéresser, notons la parole de Dieu transmise par le prophète Jérémie : « je les mène, je les conduis vers les cours d’eau par un droit chemin où ils ne trébucheront pas ».
Dieu rassemble et conduit son peuple, sans oublier les plus fragiles. Il fait revenir son peuple dispersé vers lui, l’inscrit dans une relation Père/Fils.
Le prophète, qui sait voir, lit la tendresse divine, celle d’un père aimant, dans la manière dont le peuple humilié et déporté est peu à peu rétabli dans son intégrité et sa dignité. Dieu est celui qui permet de trouver les lieux essentiels à notre humanité.
Ceci n’est pas étranger à ce que nous apprend le récit de l’évangile.
En effet, le récit de la rencontre de Jésus avec Bartimée est hautement symbolique de ce que Jésus veut vivre avec nous. Voyons maintenant ce qu’il en est.
Le lieu d’abord : Jéricho est un symbole. C’est la ville vers laquelle se dirigent les disciples déroutés par la mort de Jésus, celle d’où ils reviennent après l’avoir rencontré vivant. C’est le premier contact du peuple de Dieu avec la Terre Promise au terme de l’Exode.
Le nom de l’aveugle est aussi tout un programme : Bartimè en Araméen signifie le Fils de l’impur celui qui est séparé de Dieu, séparé du pur. En grec timè signifie honoré respectable. Bartimée est le Fils du respectable. Or il est devenu mendiant aveugle.
De quel aveuglement s’agit-il ?
Là encore, le handicap de Bartimée est une image d’un aveuglement plus fondamental.
L’indice qui nous permet de le comprendre est le manteau. Le manteau dans la Bible est symbole des apparences trompeuses. Image extérieure de nous-mêmes que nous voulons donner.
En bref, Bartimée est aveuglé par ses apparences. Il vit en trompe l’œil !
Mais il n’est pas condamné à demeurer ainsi.
Jésus entend son appel. Il refuse de laisser l’appel se perdre. Et provoque ceux qui le suivent à poser les actes de la confiance. « Appelez-le ». Magnifique audace de Jésus qui renverse la perspective. Ce n’est plus l’homme qui appelle. C’est le Christ qui signifie à Bartimée qu’il est appelé.
Bartimée, invité à se lever dans la confiance, jette alors le manteau des apparences pour bondir et courir vers Jésus.
Il se lève donc, comme Jésus au jour de la résurrection et auprès de Lui retrouve la vue.
Bartimée en définitive, c’est nous ! L’homme perdu et retrouvé, l’aveugle dont le regard est désormais éclairé de la présence du rabounni, du maître lumineux qu’est Jésus. Homme orienté sur un nouveau chemin de rencontre à la suite de Jésus.
Communier ce matin au Christ est une réponse à l’appel qui retentit dans l’Evangile. Nous sommes conviés à laisser tomber le manteau des apparences pour nous laisser éclairer par Jésus dans tous les choix de notre quotidien. A poser les actes qui disent Dieu aujourd’hui. Comme Jésus, faire signe à ceux que notre société rejette aux portes, aux marges de la vie commune. Manifester à chacun, en particulier aux plus fragiles, l’appel que Dieu leur adresse personnellement. Comment ? Par la qualité de notre présence auprès d’eux. Par la confiance que nous leur témoignons.
Le Grand-Prêtre, dont parle la lettre aux Hébreux, Jésus, continue ici de réaliser les signes de l’œuvre du Père en s’offrant totalement. Laissons-le ouvrir nos yeux et tout notre être à la puissance de l’Esprit pour devenir, nous aussi, signes de sa présence à chacun, lui le Dieu qui relève et guérit.
Père Dominique Rameau
24 octobre 2021