HOMELIE DU 3E DIMANCHE DE CAREME Année B – 7 MARS 2021 –
(Ex 20, 1-17 ; 1Co 1, 22-25 ; Jn 2, 13-25)
Ce dimanche deux paroles de l’Evangile retentissent pour moi d’une façon particulière : « Le Temple dont il parlait, c’était son corps. Il connaissait par lui-même ce qu’il y a dans l’homme ».
Jésus connaît donc l’homme par cœur. Il le connaît par le cœur. Il en connaît le cœur. Homme au milieu des hommes comme nous le chantons, il habite notre condition humaine à fond. Et il n’a pas peur des mots pour qualifier ce que nous sommes : Notre corps, c’est à dire tout nous-même, est un temple. Précisément, la maison de Dieu, dont il manifeste le souci à cet instant de l’Evangile. C’est ce souci qui explique son geste. Si nous y voyons une certaine violence, à juste titre, c’est que le non-respect de ce temple et de sa destination a de quoi mettre en colère. Là où Dieu doit être honoré on fait du trafic. Il ne milite pas pour la fermeture des commerces dit non essentiels, il s’attaque en particulier aux marchands de colombes (les offrandes des plus pauvres). Il invite ainsi à revenir à l’essentiel, la relation à Dieu. En même temps il interroge la relation à l’égard des plus humbles.
« Les plus petits, les plus faibles, les plus pauvres doivent susciter notre tendresse. Ils ont le droit de prendre possession de notre âme, de notre cœur. Oui, ils sont nos frères et nous devons les traiter comme tels » écrit-il dans l’encyclique Fratelli tutti au n° 194.
Jésus supporte mal tout ce qui dénature notre cœur, qu’il aime et connaît si bien : qu’il s’agisse de la maison symbolique de la relation de l’homme à Dieu qu’est le temple, ou de la maison réelle, c’est à dire, chacune de nos existences humaines. Tout au long de l’Évangile, nous voyons comment il a à cœur de relever, de guérir de pardonner pour restaurer en chacun le Temple vivant, précieux aux yeux de Dieu et de rappeler la place d’honneur qui revient aux pauvres et les humbles.
L’Evangile de ce jour, en carême nous adresse cette question : que fais-tu du Temple que tu es ? Comment rend-il à Dieu la grâce de ses dons ?
Comment, par exemple, nous employons-nous à développer les capacités qui sont les nôtres ?
Comment mettons-nous en œuvre notre capacité à aimer ?
Comment nos yeux, regardent-ils le monde qui nous entoure ? Comme le Père, avec bienveillance ?
Mais aussi, quel poids à pour nous « la clameur des pauvres » dont parle le pape François ?
Le décalogue, les dix paroles du Livre de l’Exode, que nous venons d’entendre ont pour horizon l’édification de ce temple humain, selon l’orientation divine. Si nous voulons le construire en nous, nous ne pouvons manquer de répondre à l’invitation de celui qui en est l’auteur et sur l’amour duquel il repose. C’est ainsi qu’il nous faut comprendre les commandements, non comme des obligations, mais comme les règles nécessaires à l’architecture que nous sommes.
L’architecte de ce temple humain qu’est le nôtre, c’est Dieu lui-même. Par la force de son Esprit, folie de l’amour, plus sage que toute sagesse humaine, souffle fragile plus puissant que nos simples forces, si nous lui accordons notre confiance, il édifie notre vie et la mène à son sommet.
Sans doute l’avez-vous remarqué, la déclaration divine du Livre de l’Exode commence par les mots « Je suis ». Expression qu’on retrouve dans la bouche de Jésus à plusieurs reprises dans l’Évangile.
Être le Temple de Dieu, c’est donc pouvoir dire en vérité, comme Jésus : « Je suis ». C’est être humain pleinement, totalement et faire en sorte que les autres, en particulier les plus pauvres accèdent aussi à cette dignité. Ça passe parfois par des coups de gueule, comme celui de Jésus dans
l’Évangile, par des coups de mains aussi.
Ce Temple, il nous faut l’entretenir, l’agrandir pour lui permettre d’accueillir celui qui veut l’habiter. Notre prière, nos célébrations, notre engagement fraternel pendant ce carême et bien au-delà, sont au service de cet entretien et de cette croissance. Laissons l’Esprit ôter de notre existence ce qui doit l’être pour faire de notre cœur la maison du Seigneur !
Père Dominique Rameau
7 mars 2021